terça-feira, 15 de junho de 2010

Xerxes 2009

















"Le petit garçon noir pleurant sur ses habits volés, dans la forêt pleine de tigres qui pourraient encore le dévorer mai qu’il mangera lui-même avec un appétit de petit cannibale ; les deux rois nègres de Roussel qui se battent en duel, déguisés en Marguerite de Faust, a l’acte II de la pièce précitée (je vois encore leurs bonnets de dentelle, leur joues noires encadrées de magnifiques tresses blondes, et j’entends les cris horribles qu’ils poussaient) ; la jeune condamnée qu’on fait mourir a l’acte III, en l’exposant à l’un de ces affreux orages des régions tropicales, le front muni d’un long paratonnerre et les pieds chaussés de brodequins métalliques en communication avec le sol ; ce souverain sauvage qu’on vit longtemps sur des affiches, coiffé d’un gibus, porteur de manchettes impeccables qui faisaient un étonnant contraste avec ses oripeaux bigarrés, et des talons Wood-Milne fixés à cru sous ses pieds nus ; autant d’images à peine plus fantaisistes que les représentations qu’un Européen moyen peut se faire dans un pays exotique, ne voyant guère plus loin que Malikoko roi nègre, le succès du Châtelet, même s’il est cultivé, car alors sa culture européenne lui met des verres déformants dans l’esprit, il ne peut faire abstraction de ses tics et de ses manies purement locales, et tout ce qui vient des hommes d’autres climats et d’autres races, il le voit à travers sa mentalité blanche, c’est-à-dire, sans qu’il s’en rende compte, d’une manière entièrement fantasmagorique. » (M. Leiris – L’Œil de l’Ethnographe – A propos de la Mission Dakar-Djibouti)

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